AEM, 40 ans de passion

A une époque où la parole donnée avait valeur contractuelle, le fondateur de Marfret, Claude Vidil, et l’agent italien Maurizio Panariello, se sont engagés avec une simple poignée de main dans une collaboration au long cours. L’agence AEM, fondée le 13 décembre 1979 à Gênes et dont Marfret est propriétaire depuis bientôt trente ans, vient de célébrer son quarantième anniversaire.

« 40 ans, c’est une vie et trois générations de dirigeants chez Marfret ! Claude Vidil m’accordait toute sa confiance. Nous nous sommes serrés la main et avons noué durant toutes ces années une relation fraternelle exceptionnelle », raconte Maurizio Panariello avec des tremolos dans la voix.

Son regard complice avec les enfants et petits-enfants Raymond, Bernard et Guillaume Vidil, qui a pris la relève à la direction générale de Marfret, en dit long sur cette relation franco-italienne. AEM représente bien plus qu’une filiale. L’amitié dépasse les liens capitalistiques.

Diplômé de l’École Navale, le jeune Maurizio embarque chez Italia Line et sur la ligne Amérique Centrale de Costa Line. En 1979, il fonde à Gênes l’Agence Européenne Maritime (AEM) avec l’appui de financiers suisses, pour développer la « Transgabonaise », la ligne des chemins de fer du Gabon.

« A cette époque, j’ai contacté Claude Vidil qui exploitait déjà depuis le Nord Europe un service sur le Canada et un service sur les Antilles. Nous avons d’abord développé l’activité sur le Venezuela en nouant un accord avec le transitaire  Merzario. En 1986, nous avons lancé ensemble le premier service direct de Méditerranée sur Montréal. Et puis notre premier navire, le Peter Wesh, sur les Antilles au départ de Gênes, a connu un succès d’estime. En 1990, Marfret a fait l’acquisition d’AEM. Nous nous sommes alors concentrés sur la ligne régulière», se souvient Maurizio Panariello, gérant de l’agence.

AEM représente l’armement Marfret en Italie, commercialise les services maritimes MedCar et la ligne Guyane-Amazonie. « L’Italie importe des reefers de Guyane. Nous entretenons également des liens commerciaux étroits avec le Mexique et Houston. Les volumes sont très soutenus avec Gênes », détaille-t-il. « Nous organisons les pré et post acheminements routiers et ferroviaires pour le compte des transitaires français et italiens», explique-t-il. AEM, adhérent d’Assagenti et d’Asamar, emploie 14 personnes dans ses bureaux de Gênes et Livourne.

Photo: Maurizio Panariello, gérant de AEM, Raymond Vidil, Président de Marfret, Alberto Delfino, Responsable commercial AEM

Une palette d’émotions maritimes

Originaire de Saint-Malo, Yvan Salomone a tout naturellement exploré les univers maritimes. Avec le renforcement des règles sécuritaires, les ports sont devenus des zones d’accès restreintes, des zones fermées au public et aux artistes.

Un regret que l’aquarelliste exprime lors d’une conversation avec Raymond Vidil. La sensibilité artistique du président de Marfret le conduit à lui proposer un embarquement au long cours depuis l’Europe du Nord vers le nord du Brésil et la Guyane Française.

Un voyage exceptionnel de 42 jours durant lequel Yvan Salomone, le terrien, partagera le quotidien des 22 navigants affairés à faire tourner la machine du  Marfret Guyane, un porte-conteneurs de 22 000 tonnes de port en lourd.

La rencontre entre l’univers de l’artiste et le cargo, ses navigants, avec l’océan en toile de fond, créée une palette d’émotions inédite, une explosion de couleurs, de sentiments. Des vibrations humaines et artistiques dont nul ne sort pas indemne. « J’ai tenu à assister à tous les levers et couchers de soleil en mer. Durant la même journée, avec le lieutenant, nous avons vu deux rayons verts », raconte Yvan Salomone, qui n’a jamais connu l’ennui.

Afin de garder le cap, l’artiste a structuré ses journées. Il passe ses matinées sur le pont, à la passerelle, à contempler chaque détail lors de ses prises de vue. La navigation ? Elle est faite de paradoxes et de contrastes. « Le cargo, cette machine d’acier bruyante, rugissante, traverse si délicatement la sphère des couleurs. Une sphère à 360° où le ciel embrasse la mer avec des nuances et des tonalités qui changent au gré des zones de navigation et de la météo. J’ai découvert les couleurs des océans des mers du Sud, la transparence, le bleu, les teintes de magenta et de pourpre…», raconte-t-il, la rétine tatouée à tout jamais.

La furie des éléments, la tempête l’enchante. Une joie intérieure enfouie qui contraste avec la tension palpable à bord.

Le soir, Yvan plonge dans les entrailles du navire. Une révélation fantastique, éblouissante pour l’artiste dont le pinceau a toujours décrit avec précision la mécanique des objets conçus par les hommes. « Le chef mécanicien Dima m’a proposé d’assister à la visite du moteur. J’ai été ébloui par la bielle. Cette pièce en inox de 3 mètres de haut, parfaite, baignée d’huile. J’avais face à moi quelque chose de précieux, le cœur du navire. Ce fut un moment émouvant, comme un voyage intérieur, organique », raconte l’artiste dont l’émotion révèle les vibrations intimes des marins, enfouies par la pudeur de leur fonction. L’environnement extérieur sublime le cargo qui lutte en permanence contre les éléments, la corrosion. Yvan quitte très peu le navire. Et quand il retrouve la terre ferme à Fortaleza ou à Degrad-des-Cannes, il a la sensation de flotter encore un peu dans les zones portuaires. « A chaque fois que je m’éloignais du port, il me tardait de retrouver le navire », ajoute l’artiste dont le travail est axé sur le cargo. Il vient d’ailleurs d’achever le montage d’un film d’1h45. « C’est mon deuxième essai filmographique », précise l’artiste exposé à la Galerie de la Méditerranée au Mucem depuis 2016. Photos, vidéos et tableaux… Yvan a retrouvé son atelier et ses pinceaux. Sa riche production artistique sera exposée par Marfret en 2020. « Je ne regarde plus les navires de la même façon. Je sais désormais ce que renferme le château, la machine, les soutes », conclut Yvan Salomone.

Photo: Première toile d’Y. Salomone issue de sa résidence chez Marfret

 

 

Marfret consolide sa position dans les Caraïbes

Marfret poursuit son développement dans les Caraïbes avec un renforcement de sa ligne Antilles Nord. Ce service voit notamment sa couverture géographique étendue à une desserte ‘‘Intracar’’ en sortie d’Amérique Centrale vers les Antilles Françaises.

Le service Antilles Nord bénéficie d’un changement d’échelle avec le déploiement de six navires capables de transporter 3 500 conteneurs dont 850 réfrigérés. Ces porte-conteneurs, qui remplacent avantageusement 4 unités de 2 200 Evp sur la ligne Antilles Nord, assurent la rotation suivante : Dunkerque, Londres, Zeebrugge, Le Havre, Montoir, Pointe-à-Pitre, Fort-de-France, Moin, Carthagène, Fort-de-France, Pointe-à-Pitre et Dunkerque.

L’ingénierie de cette nouvelle rotation contribue notamment à alimenter les Antilles Françaises en fruits d’Amérique Latine grâce à une boucle intra-Caraïbe dédiée au transport de marchandises réfrigérées. « En retour du Costa Rica, nous sommes à six jours de la Martinique. Marfret transporte aussi des produits frais, poissons et fruits de la Colombie, du Pérou et du Chili. Les deux touchés hebdomadaires dans les ports de Guadeloupe et Martinique sont connectés au service Ferrymar de Marfret qui dessert également Saint-Martin », souligne Guillaume Vidil, directeur général de Marfret.

Autre nouveauté, la rotation des services Intracar et Antilles Nord ouvre les portes du marché britannique. Avec Londres inclus dans l’itinéraire, Marfret permet aux sujets britanniques de goûter aux productions caribéennes !

Marfret offre des temps de transit parmi les meilleurs du marché entre l’Amérique centrale, les Antilles françaises et l’Europe du nord (et vice versa) reliant par exemple Carthagène (Colombie) à Dunkerque en 14 jours ou le Havre à Pointe-à-Pitre en seulement 11 jours.

Marfret prend livraison de 424 conteneurs reefers

« Pour répondre aux besoins de nos clients exportateurs de marchandises sensibles, tel l’avocat ou encore l’ananas, nous mettons à leur disposition des équipements de dernière génération et continuons d’investir dans notre flotte reefer que nous venons d’augmenter de 424 conteneurs high cube 40’ flambant neufs » détaille Guillaume Vidil. Les boîtes, livrées au Costa Rica, viennent grossir la flotte reefer de Marfret qui s’élève désormais à 7000 EVP.